Antonio Castrignanò

Figure incontournable d’un mouvement culturel ancré depuis des générations dans la région du Salento (Pouilles), Antonio Castrignano, incarne à lui tout seul la fougue, l’énergie et la démesure d’une tradition musicale terriblement moderne qui fait vibrer tout le sud de l’Italie.

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Antonio Castrignanò est une voix et un joueur de tamburello (grand tambourin salentin), fervent défenseur de la musique traditionnelle des Pouilles dédiée à la danse de la Pizzica, la tarantelle du Salento. Les rythmes enivrants de cette tradition musicale entrainent un état de transe dans lequel entrent, chaque année, près de 150.000 personnes venues jouer et danser toute la nuit lors du rassemblement populaire de la Notte della Taranta.

Mais à travers une approche très personnelle de cette tradition, Antonio Castrignanò transcende l’univers des musiques populaires de l’Italie méridionale. Cette danse et ce rythme sont liés à un rite de possession païen voire dionysiaque qui n’a cessé de se pratiquer dans le sud italien, même après son interdiction par l’église, et qui s’inspire du mythe de la tarentule dont la piqûre insufflait à sa victime un poison dont seule une transe dansée pouvait annihiler les effets.

Les bien pensants ont beau avoir essayé de transformer la tarentelle en musique de cour en lui ôtant son rythme et son sens, sa forme initiale a survécu en cachette conservant son pouvoir attractif et salutaire. Largement relancée dans l’Italie contemporaine par une poignée de musiciens, cette pratique musicale et festive a aujourd’hui pris une ampleur comparable à celle des raves parties.

Par manque de tubes et de figures glamour, cette musique peine pourtant à atteindre un public international. Rares sont les musiciens qui à l’instar d’Antonio Castrignanò réussissent à en conjuguer l’essence sauvage avec une musicalité sans failles.

 Fomenta – Ilenu de Taranta, Il y a une quinzaine d’années, après la grande vague d’immigration qui avait dépeuplé la région dans les années cinquante et face à une Europe qui redessinait ses frontières, les neuf communes de l’enclave hellénophone de la Grèce Salentine – vestige de la Grande Grèce de l’Antiquité et de la domination byzantine – ont souhaité réaffirmer leur identité. “C’est là que notre musique traditionnelle reprend son sens premier et nous apporte un remède contre les angoisses véhiculées par le monde moderne et la mondialisation”. Ce particularisme linguistique, ailleurs en voie de disparition, n’empêche nullement Antonio d’entrer en parfaite résonance avec l’époque. Les instruments traditionnels cohabitent avec l’innovation technologique, et l’esprit roots tend la main à une modernité méticuleuse.

Chantant dans un dialecte de Lecce mais aussi en Griko Salentino, Antonio Castrignano permet à ce répertoire traditionnel de perdurer mais surtout de se renouveler dans un contexte plus neuf. La touche électronique de Mercan Dede vient parfaire cet album qui puise sa force dans la tradition, mais qui témoigne d’une ouverture à la musique électronique et d’une envie perpétuelle de réinvention de ce répertoire millénaire.

Contacts

Booking : Mounir Kabbaj – mounir@gingersounds.com -+33 (0)6 30 87 24 72